Céramiste et artiste formée à l’histoire de l’art, Cécile Benattar entretient un lien presque spirituel avec la matière. Passée par la restauration de fresques à Pompéi, elle a choisi de consacrer son énergie à la porcelaine, à la fois pour la délicatesse de sa transparence et pour le calme intérieur que l’activité lui procure. Dans son atelier, la poterie devient un art, un geste, une respiration, une façon de dialoguer avec la matière et de retrouver la paix.
Rencontre avec Cécile Benattar…
Comment votre parcours vous a-t-il menée vers la poterie et la céramique ?
J’ai un parcours en histoire de l’art, j’ai étudié à l’École du Louvre et travaillé six ans en Italie, sur la restauration de fresques à Pompéi. Avant cela, je faisais beaucoup de peinture, donc la matière, je l’ai toujours aimée et travaillée, même avec un pied dans l’archéologie. La céramique, c’est une forme de continuité de tout ça. Même quand je travaillais dans le milieu culturel, j’ai toujours eu une pratique artistique et manuelle à côté.
Quelles émotions ou idées recherchez-vous à travers vos pièces ?
Je pars toujours d’une idée, d’un goût, d’une influence. Je travaille principalement la porcelaine, car je suis très attachée à sa finesse, à la transparence que je peux lui donner. Et je ne recherche pas la perfection : si la forme est un peu irrégulière, ça ne me dérange pas, au contraire. J’aime que l’objet ait une présence décorative, qu’il soit beau en soi, sans forcément être utilitaire.
Quelles influences nourrissent votre inspiration ?
Un artiste peintre que j’admire beaucoup, c’est Morandi, pour sa palette douce et ses compositions. Sinon, mes inspirations viennent souvent du quotidien : une expo, une visite dans un musée comme le Louvre ou le musée Guimet, notamment les départements Grèce, Rome ou l’art préhistorique.
Pourquoi avoir choisi la porcelaine comme matériau ?
Je trouve que c’est la plus malléable, mais aussi la plus exigeante. On dit qu’elle a la mémoire des formes : si elle subit un accident pendant le tournage, ça réapparaîtra après cuisson. J’aime aussi sa blancheur, le kaolin, qui donne cette transparence si on la travaille finement. C’est ce que j’aime pour les luminaires, les appliques, ou même pour de petites tasses.
Quelles sont vos créations préférées ?
Ça varie, mais j’ai une préférence pour les petits objets. Peut-être parce que j’aimais la dinette quand j’étais enfant ! Sinon, je fais aussi des assiettes, des pichets, des tasses… Ça dépend des périodes, ça vient par vague.
Qu’est-ce qui vous anime quand vous êtes à l’atelier ?
Il m’arrive de tourner sans idée précise, juste pour le plaisir de travailler la terre et de voir ce qu’elle donne. Après une journée de travail, c’est apaisant. Certains font du yoga ou du taï-chi… moi, je fais de la céramique. C’est ma façon à moi de me détendre.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut commencer la poterie ?
D’être patient. La terre vient à la personne, dans une sorte de dialogue, comme un jeu de communication. Il faut écouter la matière. Et quand ça fonctionne, c’est merveilleux.
Des futurs projets ?
J’ai envie de travailler davantage sur les luminaires, et je vais bientôt retrouver mon point de vente à Paris, au Marais, chez Creare, rue du Pont Louis-Philippe, qui rouvre prochainement. J’ai aussi deux élèves en cours particuliers, et je teste encore mon envie de transmettre, mais j’aimerais développer plus tard des ateliers collectifs.

